Dans le Japon d'après-guerre, les populations issues des anciennes colonies, notamment les coréens, appelés zainichi, ont été subitement dépossédées de leur nationalité japonaise. En 1952, suite à la partition de la péninsule coréenne en deux entités étatiques distinctes (1948), les coréens installés au Japon ont ainsi été sommés de choisir, soit entre la nationalité Joseon (nationalité d'un pays unifié qui n'existait plus), soit entre la nouvelle nationalité sud-coréenne (l'État japonais ne reconnaissant pas la nationalité nord-coréenne). Aujourd'hui, les zainichi sont susceptibles d'avoir l'une des trois nationalités suivantes : Joseon, sud-coréennne et japonaise. Cette question de la nationalité et de l'identité nationale est incontournable pour les écrivains zainichi, qu'ils soient nés avant la guerre — Kim Seok-peom (né en 1925), Kim Shi-jon (né en 1925) et Lee Feson (né en 1935) — ou après — Kaneshiro Kazuki (né en 1968) ou Sagisawa Megumu (1968-2004). La nationalité qu'ils assument, soit en tant qu'auteur, soit à travers les personnages de leurs fictions, témoigne de leur engagement (ou non-engagement) idéologique et devient, en elle-même, une sorte de bannière identitaire et politique. L'évolution de cette zainichicité, qui s'exprime dans les textes, reflète, en miroir, celle du Japon d'après-guerre. Le renouveau récent du discours identitaire japonais (nihonjin-ron) gagne aussi à être lu à travers cette perspective.
Zainichi is a term that designates the population from the former colonies of Japan, notably the Koreans. In postwar Japan, the zainichi had been abruptly stripped off their Japanese nationality. In 1952, due to the division of the Korean peninsula into two distinct states (1948), the Koreans settled in Japan were forced to choose between either keeping their Joseon nationality (a nationality of a unified which no longer exists) or having a new South Korean nationality (politically, Japan does not recognize North Korean nationality). Today, these zinichi are likely to have one of the three following nationalities: Joseon, South Korean and Japanese. The questions of nationality and national identity are inevitable for the zainichi writers, whether they were born before the war—Kim Seok-peom (born in 1925), Kim Shi-jon (born in 1925) et Lee Feson (born in 1935)—or after—Kaneshiro Kazuki (born in 1968) ou Sagisawa Megumu (1968-2004). Nationality on which they take, as author or through characters of their fictions, testifies their ideological engagement (or non-engagement) and becomes, in itself, a sort of identity or political banner. The development of zainichity that is articulated in their writings, reflect the development of zinichity in postwar Japan. The recent renewal of the Japanese identity discourse (nihonjin-ron) is also worth to be read from such perspective.
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