9-11 Sep 2015 Paris (France)
Patrimoine religieux, religiosité et conquête territoriale à Ratanakiri : entre piété religieuse et enjeu de pouvoir / Religious heritage and competition for land at Ratanakiri
Téphanie Sieng  1@  
1 : Centre d'Etudes en Sciences Sociales sur les Mondes Africains, Américains et Asiatiques  (CESSMA)
Université Paris VII - Paris Diderot, Institut de Recherche pour le Développement - IRD (FRANCE), INALCO PARIS
Université Paris Diderot, Bât. Olympe de Gouges, case postale 7017, 75205 Paris cedex 13 -  France

Sur les hautes terres du nord-est du Cambodge, plus de 60% de la population ne se définit pas dans le bouddhisme, religion la plus pratiquée dans le pays. Ces populations sont alors décrites comme ayant une culture éloignée de celles des plaines. Or depuis 2001, sous les effets conjugués de la montée des échanges marchands, de l'augmentation des surfaces mono-cultivées, de l'essor des concessions internationales et de la domination des urbains sur les espaces non cadastrés, les compétitions pour la terre se sont multipliées. L'installation grandissante des populations des plaines sur le plateau ratanakirien a alors amorcé le processus d'intégration des villages peuplés de minorités. Les populations locales de plus en plus précarisées sont en attente de politiques publiques alliant sécurité foncière, développement socio-économique et reconnaissance des aspects spécifiques de leurs traditions. La fondation de vat (monastères bouddhiques) par les migrants dans les villages tampuans semble alors symboliser une appropriation de cet espace. En réaction, quelques villages tampuans organisent de leur côté une multitude d'actions pour sacraliser des lieux qu'ils estiment importants à transmettre aux générations futures (les terres autours des cimetières, les champs, les clairières...). Dès lors, une course à la patrimonialisation des espaces, une notion qui introduit en fait une territorialisation des lieux, est devenue un enjeu crucial pour les migrants comme pour les locaux.

Dans quelle mesure l'implantation de monastères bouddhiques dans des espaces majoritairement non bouddhistes ou non indianisés constituerait une emprise pour l'identité ?

Nous étudierons ici le cas des villages de Kalieng et de Krauch où se sont implantés les premiers vat dans le district d'Ochum à Ratanakiri.

 

Although Buddhism is the most followed religion in Cambodia, in the Northeastern highlands more than 60% of the population is not Buddhist and is considered to have a different culture to that of the societies in the Lowlands. The recent rise in migrants to Ratanakiri province allows minority villages to integrate into the national territory. Since the new Constitution in 2001, competition for land is the result numerous factors: the rise in market exchange, increases in cash-crop technical farming transformations, the expansion of international concessions, and the domination of urban people upon unregistered lands. Thus local communities which are increasingly becoming destitute are hoping for public policies that will sustain land security, socio-economic development and protect their traditions. In this context, the erection of Buddhist monasteries (Vat) in Tampuan villages by migrants may symbolize the appropriation of this territory from the latter. In reaction to this, the Tampuan people have tried to organize themselves to protect sacred areas for the benefit of younger generations (cemeteries, agricultural lands, clearings...) through a race of heritage creation or “territorialization” policies.

It raises the question why in an area where Buddhist and Indian influences are not practiced by the minority, how can Buddhist monasteries constitute the basis of a national identity?

The aim of this paper is to present two Tampuan villages (Kalieng and Krauch) where Vats could be both an instrument to unite people and a way for local authorities to control territory.



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