La responsabilité sociale est de plus en plus utilisée par les entreprises pour « maximiser [leur] im-pact positif sur le développement » dans les pays émergents (Werner, 2009). Dans ces pays, une entreprise peut être amenée à agir en direction de populations qu'elle ne connaît pas nécessaire-ment. Cette absence de connaissance peut avoir des conséquences sur l'efficacité de ces actions. Début 2010, la filiale indonésienne d'une grande multinationale a lancé un programme dont un des objectifs est l'amélioration du revenu des ramasseurs de déchets. Ceux-ci sont souvent considérés comme « les plus pauvres des pauvres à peine capables de gagner péniblement leur subsistance » (Hakami, Dikshit et Mishtra, 2006). Ils figurent parmi les populations que vise la politique de respon-sabilité sociale dans les pays en voie de développement de cette multinationale. En Indonésie, les ramasseurs vendent les déchets qu'ils collectent à des intermédiaires. Ceux-ci les vendent à leur tour à de gros négociants qui fournissent en matériaux l'industrie du recyclage. Pour l'entreprise, l'amélioration du revenu des ramasseurs signifiait le contournement des intermédiaires et des négo-ciants et une vente directe à l'industrie. Dans ce but, ils devaient former des groupes autonomes dirigés par l'un d'eux. Ces groupes devaient à leur tour former une coopérative qui vendrait les maté-riaux collectés à l'industrie. En fait, les groupes formés étaient pour la plupart constitués de ramas-seurs de déchets dépendant d'un intermédiaire qui était de fait le dirigeant du groupe. Le contour-nement des intermédiaires était un échec. Une étude sur le terrain a permis de comprendre ce qui en Indonésie fonde la relation entre les ramasseurs et les intermédiaires, et les raisons de l'inadéquation du concept de groupe autogéré dans ce contexte.
Social responsibility is more and more utilised by companies “to maximize [their] positive development impact” in emerging countries (Werner, 2009). In such countries, a company may be led to act towards communities it does not necessarily know about. Such absence of knowledge can have consequences on the efficiency of these actions. Early 2010 the Indonesian affiliate of a large multinational company launched a programme, one of the objectives of which is improving of the income of waste pickers. The latter are often regarded as “the poorest of the poor being barely able to eke out subsistence » (Hakami, Dikshit & Mishtra, 2006). They are amongst the communities targeted by the social responsibility policies of this multinational company in developing countries. In Indonesia, pickers sell the waste they collect to intermediaries. These in turn sell the waste to large traders who provide the recycling industry with materials. To the company, improving the waste pickers' income meant bypassing the intermediaries and traders and selling directly to industries. For this purpose, they were to form autonomous groups led by one of them. These groups were in turn to form a cooperative that would sell the materials collected to industries. Most of the groups that had been formed were actually composed of waste pickers who were depending on an intermediary who was de facto the group's leader. The bypassing of intermediaries was a failure. A study on the field has allowed understanding what in Indonesia founds the relationship between pickers and intermediaries, and the reasons of the inappropriateness of the concept of self-managed groups in such a context.