Pendant la guerre du Việt Nam, l'armée américaine a déversé plus de 70 millions de litres d'herbicides. L'objectif était de détruire les cultures de l'ennemi et de supprimer le couvert foliaire sous lequel il se dissimulait. Pour certains, ces produits chimiques ont laissé des « marques indélé-biles sur les paysages » (Ramade, 1990). N'omettent-ils pas le fait que la cicatrisation des écosystèmes s'inscrit dans le temps long ? Y a-t-il vraiment irréversibilité des dégâts ? Notre contribution se fondera sur des cartes de dynamiques paysagères, pendant et après la guerre, et sur des relevés de sols. Les herbicides ont contaminé les sols. Le composé le plus persistant est la dioxine. Or, dans les zones touchées par les épandages aériens de la vallée d'A Lưới, cette dernière atteint désormais des taux « acceptables » ; les mesures demeurent inquiétantes dans les anciennes bases des Forces spéciales, où étaient stockés les herbicides (Hatfield Consultants LTD et 10-80 Committee, 2000). Contaminés, les sols ont aussi été modifiés, notamment leurs propriétés chimiques (Hoàng Van Huây et Nguyên Xuân Cu, 1984). Néanmoins, les impacts ne sont autres que ceux qui résultent de tout déboisement, quelle qu'en soit la cause. La stérilisation des sols, avancée par les partisans de l'impossible reconquête végétale, est remise en cause. L'impact sur la végétation est indéniable mais doit être relativisé. Les traînées d'épandage ne sont plus visibles dans les paysages des années 2000. La destruction de la végétation a en fait été variable, notamment selon le nombre d'épandages et la forma-tion végétale touchée. Par ailleurs, les pratiques post-guerre ont aggravé le strict impact de la défoliation.
During the Việt Nam war, the American army sprayed more than 70 million liters of herbicides. The purpose was to destroy the crops of the enemy and to eliminate the leaves of the canopy, under which he hid. Some authors assert that these chemical products left “indelible marks on the landscapes” (Ramade, 1990, translated). Don't they forget that the healing of ecosystems is a long-term process? Are the damages really irreversible? Our paper will be based on maps of landscape dynamics, during and after the war, and on soils surveys. Herbicides contaminated soils. Dioxin is the most persistent compound. Yet, in the areas of the A Lưới valley, which were affected by aerial sprayings, its rates are now “acceptable”; measures are still worrying in the former bases of Special Forces, where herbicides were stored (Hatfield Consultants LTD et 10-80 Committee, 2000). Contaminated, the soils, especially their chemical properties (Hoàng Van Huây et Nguyên Xuân Cu, 1984), were also modified. Nevertheless, the impacts are identical to those, which resulted from all forest destructions, whatever the cause. The soil sterilization, emphasized by the partisans of the impossible vegetal reconquest, is questioned. The impact on the vegetation can't be denied but it should be put into perspective. The spraying lines are no longer visible in the 2000's landscapes. In fact, the destruction of the vegetation varied, particularly according to the repetition of sprayings and the affected plant formation. Moreover, the post-war practices aggravated the strict impact of the defoliation.