Des recherches menées au Mali entre 2011 et 2013 m'ont permis d'appréhender les transformations du champ thérapeutique local liées à la diffusion de la médecine chinoise. L'installation de praticiens formés dans les universités chinoises, l'implantation de réseaux légaux et illégaux de commercialisation de médicaments traditionnels chinois, la reconversion de guérisseurs locaux devenus spécialistes en « médecine traditionnelle chinoise », ou en « médecine afro-chinoise » ont modifié les relations d'interdépendance entre les différentes médecines.
La communication proposée ici abordera ces dynamiques en privilégiant la diversité des formes d'investissement et d'appropriation de la médecine chinoise qui se développent aujourd'hui au Mali.
Médecins diplômés, tradipraticiens chinois et locaux, vendeurs de pharmacopée se réclament ainsi de la médecine chinoise et formulent des définitions concurrentes de la « vraie médecine chinoise », des éléments qui la différencient ou la rapprochent des autres médecines, des savoirs qui la légitiment. Les argumentations qui s'affrontent ont pour objet le « pouvoir de guérir », les voies de son acquisition. Je tenterai de montrer que les discours recueillis doivent être mis en perspective avec les pratiques thérapeutiques observables. Les techniques mises en œuvre, les objets techniques utilisés, permettent d'approcher des constructions antagonistes de la notion de diagnostic, des liens entre technique et art du thérapeute.
Research carried out in Mali from 2011 to 2013 has allowed me to apprehend transformations in the local therapeutic field relating to the diffusion of Chinese medicine. The emergence of practitioners trained in Chinese universities, the implantation of legal and illegal networks trading traditional Chinese medicines, the reconversion of local healers who have become specialists in “traditional Chinese medicine”, or in “Afro-Chinese medicine”, have modified the relations of interdependency between the different forms of medicine.
This paper proposes to examine these dynamics, privileging the diversity of forms of investment and appropriation of Chinese medicine developing in Mali today.
Qualified doctors, Chinese and local traditional practitioners, and pharmacopoeia sellers thus claim to practice Chinese medicine and formulate competing definitions of “real” Chinese medicine, of the elements that differentiate it, or combine it with other forms of medicine, in a process of legitimization. The competing arguments revolve around the “power to heal”, and the avenues of its acquisition. I will try to show that the discourses recorded must be put into perspective with observable therapeutic practices. The techniques applied and the technical objects used allow us to broach antagonistic constructions of the notion of diagnosis, and the ties between the techniques and art of the practitioner.