Dans un contexte social où les questions de santé sont omniprésentes, nous avons certes observé l'entrée en scène de pratiques médicales relevant de la médecine chinoise traditionnelle, mais surtout le recours à des technologies et des médicaments venant de Chine. Nous nous sommes tout particulièrement intéressés à l'utilisation d'une machine de diagnostic portant le nom technique de « quantum analyser », mais couramment appelée « le scanner » dont l'utilisation est souvent (mais pas toujours) associée à la vente de compléments alimentaires. Ces remèdes techniques donnent une image « occidentale », ils affichent une terminologie et des références soi-disant scientifiques et modernes, et ne s'associent à une idée de tradition et de provenance chinoise. Une des entreprises « chinoises » qui importe ce type de produits au Cameroun a d'ailleurs enregistré son siège au Etats-Unis pour mieux camoufler son origine chinoise. La consommation de compléments alimentaires est un phénomène qui prend de l'importance dans les villes camerounaises.
La machine de diagnostic « chinoise » est utilisée par certains thérapeutes ou médecins chinois installés au Cameroun, mais nous avons aussi pu observer sa réappropriation par des tradipraticiens africains. Cette machine permet, par le simple contact du patient avec un électrode relié à une mallette en métal connectée avec un ordinateur, de fournir en deux minutes, une série de valeurs diagnostiquant le fonctionnement général du corps humain.
En nous appuyant sur les observations faites lors de nos terrains à Yaoundé et Douala, nous souhaitons avancer quelques hypothèses autour des apports sociaux, symboliques et aussi thérapeutiques de la diffusion et la réappropriation de cet appareil dans la prise en charge et dans les soins, hors circuit officiel, dans ces deux villes camerounaises.
In a social context in which health issues are omnipresent, we have observed the arrival of medical practices relating to traditional Chinese medicine, but, above all, the recourse to technology and medication from China. We have particularly focused on the use of a diagnostic machine, technically known as a “quantum analyser”, but habitually referred to as “the scanner”, whose use is often – but not always – associated with the sale of food supplements. These technical remedies give a “Western” image, adopt supposedly scientific and modern terminology and references, and are not associated with notions of tradition or Chinese provenance. One of the Chinese companies that import this kind of product to Cameroon has indeed registered its headquarters in the United States to better mask its Chinese origin. The consumption of food supplements is a growing phenomenon in Cameroonian towns.
The “Chinese” diagnostic machine is used by certain Chinese therapists and doctors established in Cameroon, but we have also observed its reappropriation by African tradipractitioners. On simple contact with the patient via an electrode connected to a metal case connected to a computer, this machine offers a series of readings that diagnose the overall working of the human body.
Based on field observations recorded in Yaounde and Douala, we wish to propose several hypotheses concerning the social, symbolic and also therapeutic contributions of the diffusion and reappropriation of this equipment in health consultations and treatment in these two Cameroonian cities, outside the official circuits.
Discutant : Jean-Pierre DOZON (FMSH, directeur ANR EsCA, dozon@msh-paris.fr)