Une source riche pour étudier la relation entre le zen du quinzième siècle et l'art du théâtre nō se trouve dans un ensemble de vingt-cinq poèmes écrits en chinois par Ikkyū Sojun (1394-1481). Ces poèmes représentent la critique la plus précoce du nō de toute son histoire. Les poèmes traitent de quelques pièces très renommeés, comme Eguchi, Kayoi Komachi, Ashikari et Matsukaze, mais on y trouve aussi quelques poèmes qui nous présentent acteurs, musiciens et arts liés au nō. Ikkyū Sojun se ventait d'être iconoclaste, et dans le même temps l'adepte zen le plus authentique de son âge dégénéré. C'était un homme d'héritage royal qui se targuait de transgresser les préceptes bouddhiques, mais dans son critique du nō, on voit un aspect inattendu du moine fameux. Il est vrai amateur du nō. Mon intervention offert une introduction à ces poèmes uniques, en recherchant ce qu'ils nous enseignent sur le rapport entre la pratique du zen et les arts du Japon au moyen âge. En même temps, j'espère illuminer un lien intellectuel et esthétique entre l'iconoclaste, Ikkyū, et le grand maître du théâtre japonais, Zeami (1363-1443).
A rich resource for the study of the relationship between Zen of the fifteenth century and nō drama can be found in a set of some twenty-five poems in Chinese by the priest Ikkyū Sojun (1394-1481). The poems concern plays of considerable renown, such as Eguchi, Kayoi Komachi, Ashikari and Matsukaze, but there are others that give us a picture of actors, musicians and related arts. Ikkyū prided himself on being an iconoclast, and at the same time, the most authentic practitioner of Zen in his degenerate age. A man of royal heritage, he vaunted his transgressions of the Buddhist precepts, but in his criticism of nō, one discovers an unexpected aspect of the famous monk. He is a true amateur, that is, a lover, of nō. In this paper, I will offer an introduction to these unique poems, investigating what they might teach us about the connection between the practice of Zen and the arts of Japan in the Middle Ages. I hope at the same time to throw some light on an intellectual and aesthetic connection between the iconoclast, Ikkyū and the great master of Japanese theater, Zeami (1363-1443).