L'espace de la plage est approprié de manière singulière par les Chinois, à tout le moins pour chercheur occidental en sciences sociales. Si, en suivant Durkheim, nous devons être prêts à faire « des découvertes déconcertantes », les usages sociaux de la plage illustre bien ce phénomène. Contemplation de la mer sur un temps court, baignades très contrôlées, nages limitées, utilisation d'accessoires (bouées gonflables), protection du corps à l'égard du soleil, etc. sont autant de pratiques qui s'inscrivent dans une culture chinoise de la plage. Pour autant, il n'existe pas de constance historique : les manières de pratiquer la plage et les usages du corps ne sont pas figés. Les apparitions récentes de la pratique du surf, en particulier au sud-est de l'île de Hainan ou du face-kini illustrent des mutations, usages toutefois encore très spatialement localisés et socialement confinés à certains groupes sociaux. A partir d'enquêtes de terrain répétées sur l'île de Hainan (Sanya, Wanning) et sur les plages de Qingdao, l'objectif est ici de préciser en quoi des Chinois s'autorisent à utiliser leur corps à la plage de manière particulière. Quelles sont les raisons (dispositions sociales, fréquentation de surfeurs étrangers, connaissance de pratiques touristiques de la plage des pays occidentaux, etc.) pour lesquelles se développent ces usages à « contre norme ».
The beach area is appropriate in a unique way by the Chinese, at least in the eyes of Western researchers in social sciences. If, following Durkheim, we must be prepared to make "baffling discoveries", the social uses of the beach illustrates this phenomenon. Contemplation of the sea on a short time, bathing very controlled, limited households, use of accessories (inflatable buoys), protecting the body against the Sun, etc. are all practices that are part of a Chinese beach culture. However, there is no historical constance: ways to enjoy the beach and the uses of the body are not frozen. Recent appearances of the practice of surfing, in particular in the southeast of Hainan Island, or face-kini in Qingdao, illustrate mutations, however still very spatially localized and socially confined to certain social groups. From field surveys repeated on the island of Hainan (Sanya, Wanning) and on the beaches of Qingdao, the aim here is to clarify what Chinese allow themselves to use their body on the beach. What are the reasons (social dispositions, attendance of foreign surfers, knowledge of tourism practices from the beach in Western countries, etc.) for which develop these uses « against standard ».