L'atelier envisagera l'éducation au Tibet dans un contexte d'école privée ou dans un cadre religieux — institutions monastiques ou lignées familiales de tantristes — comme un même objet d'étude, à l'aide d'approches pluridisciplinaires (histoire sociale et culturelle, anthropologie) ; dans une chronologie qui permet de relier et contraster les situations des deux côtés de la césure mi-XXe siècle entre le Tibet « traditionnel » et l'entrée dans la « modernité » ; et enfin dans différentes régions de cultures tibétaines.
Au cœur de nos recherches respectives se trouvent les deux questions centrales de la transmission du savoir et des rapports entre individus et sociétés : nous étudierons les déterminants qui interviennent dans la transmission du savoir, les « cadres sociaux » au sens donné par Gurvitch (Les cadres sociaux de la connaissance, 1966) : quels éléments dans les cadres institutionnels (école et religion) mais aussi non institutionnels (valeurs culturelles) permettent, autorisent, légitiment ou empêchent la transmission du savoir dans les sociétés tibétaines ?
Dans quatre contextes précis (l'éducation dans les écoles privées du Tibet central au début du XXe siècle, l'éducation monastique des novices dans les monastères bon po du Tibet du Tsang et du Kham aux XIXe et XXe siècles, la transmission d'enseignements dans le contexte bouddhique nyingmapa au Spiti aux XXe et XXIe siècles, et enfin la transmission des savoirs et la reproduction des élites dans les lignées de tantristes en Amdo), nous analyserons les facteurs socio-économiques et culturels susceptibles d'influencer la transmission en affectant notamment le recrutement des élèves/disciples, mais aussi la qualité et le contenu des savoirs. C'est en particulier la façon dont s'articulent les notions d'exclusivité/difficulté — caractérisant l'accès à la transmission traditionnelle — avec le principe d'éducation du plus grand nombre — pour assurer la transmission —, qui sera explorée dans ses évolutions du XIXe au XXIe siècle.
The workshop will consider education in Tibet, whether in private secular schools or in a religious context — monastic institutions or family lineages of tantrists —, as a discrete subject of study, through multi-disciplinary approaches (social and cultural history, anthropology); in a chronology that makes it possible to compare and contrast situations on either side of the mid-20th century watershed between “traditional” Tibet and its entry into “modernity”; and finally, in various areas of Tibetan culture.
At the very core of our respective studies, we find the two central questions of knowledge transmission and the relationships between individual and society: we will study the determinants of knowledge transmission, i.e. the “social frameworks” in the sense intended by Gurvitch (The Social Frameworks of Knowledge, 1966): which elements, in both institutional (school and religion) and non-institutional frameworks (cultural values) allow, authorise, legitimise, or hinder knowledge transmission in Tibetan societies?
In four specific contexts (education in private schools of Central Tibet at the beginning of the 20th century, monastic education of novices in Bonpo monasteries of Tibet in Tsang and Kham in the 19th and 20th centuries, the transmission of teachings in the Buddhist nyingmapa context of Spiti in the 20th and 21st centuries, and finally, transmission of knowledge and elite reproduction in the tantrists' lineages of Amdo in the same period), we will analyse the socio-economic and cultural factors that might influence the transmission by affecting for instance the recruitment of students/disciples, as well as the quality and content of the knowledge transmitted. In particular, we will focus on the way the notion of exclusivity/difficulty— that characterises access to traditional knowledge — is articulated with the notion of opening transmission to a larger number — as a strategy for ensuring its survival —, and how this articulation evolved between the 19th and 21st centuries.
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