La province de Ratanakiri connaît de vastes opérations de développement économique. Les minorités ethniques, laissées pour compte et spoliées de leur espace de vie, prennent conscience de la déperdition progressive de leurs savoirs locaux et voient leur héritage culturel rétrécir.
Surgit alors la notion de patrimoine du milieu naturel associé à ses composantes culturelles. Elle est présentée comme une alternative innovante destinée à « faire revivre ». Prenant à témoin un village tampuan, je me penche sur les modalités de l'émergence locale de ce concept importé.
Cette gestion du patrimoine - introduite comme ingrédient social, politique et économique du milieu de vie considéré – apparaît à un moment où ladite communauté ne constitue plus une entité collective soudée comme auparavant. Certains villageois affirment la nécessité de maintenir des savoirs et des manières de faire hérités des anciens.
Mais cet ensemble de biens et de valeurs qu'ils entendent conserver dans la perspective d'être transmise aux générations futures est loin de faire l'unanimité, ne serait-ce que dans les modes de représentation et de pratiques relatives à la nature qui intéressent notre propos.
Ce dernier point mérite que l'on s'y arrête : certains éléments de la tradition sont mis en avant et survalorisés tandis que d'autres s'éteignent paisiblement ou sont passés sous silence. Cette dynamique nous pousse à explorer les mécanismes de renouvellement, de sélectivité et de conditionnement de ce qui, selon les Tampuan, doit être ou pas sauvegardé et transmis.
Ratanakiri province is confronted with vast operations of economic development, strongly encouraged at the national level. Some ethnic minorities, rejected and deprived of their space of life, are becoming wary of the apparently irreversible lost of local knowledge. Cultural heritage is shrinking.
The notion of natural patrimony associated with its cultural dimensions came recently to restore a certain pride. It is displayed as an innovating alternative aimed to “revive” some characteristics to be found in some micro societies. In this presentation, I will depict the modality of the local emergence of this imported concept in a Tampuan village.
The management of the patrimony – introduced as a social, political and economic ingredient of a specific aspect of life having the merit to be highlighted – appears at a moment when the community does not constitute anymore a collective entity, bonded with well-built links as before.
Some villagers approve the necessity to maintain some of the inherited knowledge and traditional ways of doing. But this sort of legacy of the past does not receive the same and equal considerations. Unanimity is far from prevailing, even when it comes to deal with practices and representations dealing with nature (which is our focus in that paper).
This point deserves to be scrutinized: recent ethnographic surveys show that some elements liable to comply with what can be called ‘tradition' are putting forward, even strongly reinvented, while others are either neglected or not taken into account. Such occurring dynamisms, coupled with unshared processes of selection, encourage us to explore some of the conscious and unconscious mechanisms dealing with what ‘need', according to the Tampuan, to be memorized and transmitted.
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