La féminisation des flux migratoires internationaux est notoire dans de nombreux pays d'Asie centrale et orientale, en particulier dans ceux de l'ex-monde socialiste. Les femmes postsocialistes contournent en migrant de manière temporaire ou permanente leur exclusion de l'accès aux ressources économiques, leur objectivation dans les échanges économico-sexuels et leur relégation dans les statuts d'épouse et de mère par le renouveau nationaliste. Itinérante ou migrante et étrangère, elles peuvent prendre leur destin en main. Les destinations de prédilection des Kazakhs et des Mongols sont la Corée du Sud et le Japon. Les pays occidentaux leur sont moins accessibles. Dans l'analyse des parcours migratoires sortant de Mongolie et du Kazakhstan, force est de constater que les mouvements transfrontaliers en Chine et les migrations vers la Corée du Sud, deux pays en déficit de femmes, concernent surtout des femmes qui se réapproprient une partie des échanges économico-sexuels via le mariage avec un étranger et via la prostitution. Ces deux processus sont souvent liés quand ils servent d'instrument d'émancipation sociale et économique dans un parcours migratoire. Ma présentation examine ces mobilités et les restitue dans le contexte postsocialiste, où le nationalisme patriarcal se trouve confronté à une « crise de la virilité » et à une « fuite des femmes ».
The feminization of the international migratory flows is notorious in numerous Central and Oriental Asian countries and, in particular in those of the postsocialist world. Temporary or permanent migration is a solution to escape their exclusion from the access to the economic resources, their objectification in the economicosexual exchanges and their banishment in the statutes of wife and mother by the nationalist revival. Itinerant or migrant and foreigner, they become the architect of their own fortune. Kazakh and Mongolian women's prefered destinations are South Korea and Japan. The western countries are less accessible to them. In the analysis of these migratory routes, we have to admit that the cross-border movements in China and the migrations towards South Korea, two countries knowing a women's deficit, concern especially women who migrate via the marriage with a foreigner and the prostitution. These two routes are often connected when they serve as an instrument for social and economic emancipation in a migratory process. My presentation examines these mobilities and restores them in the postsocialist context where a patriarchal nationalism faces a " crisis of the manliness " and a " flight of the women ".