Dans le Cambodge contemporain, le rapport des populations à leur espace patrimonial évolue profondément. Pour Françoise Choay (1992), la notion de patrimoine se déploie en une « triple extension chronologique, typologique et géographique ». Dès lors sa construction, liée à la notion de territoire, concerne des groupes ou individus aux motivations divergentes dans un contexte de conflits économiques, politiques et religieux. Elle constituerait un instrument d'appropriation des espaces et des territoires par un pouvoir dominant, en leur conférant une légitimité.
Ce pouvoir dominant utilise des méthodes léguées par le pouvoir colonial, tandis que la population préfère des méthodes plus traditionnelles. Les modalités dans la mise en œuvre dépendent d'un ensemble de pratiques sociales et de revendications identitaires régionales, nationales ou locales. L'enjeu se jouerait donc sur plusieurs échelles pour contribuer à bâtir un socle identitaire commun à une société nationale multiple.
Quels rapports entretiennent les acteurs de la patrimonialisation avec ce qu'ils considèrent comme patrimoine ou élément « patrimonialisable » ?
Cet appel à contribution a pour but de retracer l'instrumentalisation du patrimoine sous toutes ses formes, passées comme actuelles et d'interroger les relations entre les politiques patrimoniales et les acteurs en milieux rural et urbain. Nous essayerons de comprendre les spécificités locales de ces politiques et leurs enjeux à travers des exemples concrets comme les temples, les sculptures ou les monastères.
In Cambodia, the construction of local heritage sites highlights the relational issues between territory and population. According to Françoise Choay (1992), this concept comes to cover “a threefold extension: chronological, typological and geographical” in a way that could be instrumentalized by a dominant power to legitimately appropriate territories. In the context of religious and politico-economical conflicts, it may affect groups and individuals in such a way that it leads to divergent positions in cooperation, and resistance from the different views.
The dominant power often uses colonial approaches to confront more traditional views from the population. Therefore the conditions to implement heritage policies depend on social practices and identity claims at a regional, national or local scale. Finally, the issue may contribute to support the edification of a common identity ground for a multi-ethnic society.
These situations raise an important question: how do participants in a heritage building process or “patrimonialization” view heritage properly? Does it only suggest a way to maintain the past in the present or could we extend it to mean integration into national unity?
This call for abstracts aims to better understand the heritage system, and thus the relations between heritage policies and all its actors in urban and rural environments through some examples of temples, sculptures or monasteries.
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