Nous nous proposons d'approcher l'objet rituel mal connu qu'est la masque dit "tribal" au Népal par l'étude comparée du contexte où il a été autrefois, et reste encore parfois, employé. Il s'agira de comprendre les variations de la forme que prend un ensemble de célébrations villageoises dont le personnage principal, masqué et/ou travesti, est partout appelé du même terme, maruni "l'homme", "le mortel". Nous tenterons de dessiner les logiques à l'oeuvre dans les variations de ces pratiques apparentées, mais à la forme et aux finalités très différentes, qui s'étendent de l'invocation des dieux du territoire par une troupe de danseurs possédés, en passant par la récitation d'une geste solemnelle par des travestis narrant l'histoire d'un inceste royal, pour prendre enfin le tour de troupes bigarrées de jeunes et moins jeunes, qui, par leurs chants et leurs danses, apportent joie et prospérité au village. L'objet rituel qu'est le masque, souvent alors fabriqué avec toutes sortes de matériaux ou même avec des poudres, réapparaît alors, loin de sa fonction d'instrument chamanique permettant de voir les sorcières, observé dans le tout premier des contextes ici évoqués. Cette grande variabilité soulève des questions sur l'ensemble du champ que recouvre l'objet rituel et ses substituts.
We intend to approach a little known ritual object, the so-called "tribal" mask, in Nepal by a comparative study of the context in which it was -and still is sometimes- used. We will explore the variations observed in a set of village celebrations whose main character, masked and / or disguised, is everywhere called by the same term, Maruni "man", "mortal." We will attempt to draw the logic at work in these related practices, which display various forms and different aims. These extend from the invocation of the gods by a troop of possessed dancers for the protection of the territory, to the solemn recitation by disguised dancers, of an epic narrating the story of a royal incest, to colourful troops of youngsters (and elders), who by their songs and dances, bring joy and prosperity to the village. The ritual object under consideration, the mask, is often made with all kinds of materials or even powders in this last context, far from its shamanic function of seeing the witches, which is observed in the first of the contexts mentioned here. This variability raises questions about the field covered by the ritual object and its surrogates.