Les « études de déplacement » ont pris un essor important depuis les années 1990 en raison d'un grand nombre de réalités caractérisées de migrations forcées. Si les réfugiés bénéficiaient déjà d'une attention importante dans les études de migration, l'accroissement des recherches autour des déplacements forcés générés par des « projets de développement » est un cas notoire de reconfiguration des savoirs souvent structurée autour de quelques expressions clés tour à tour façonnées par des chercheurs en sciences sociales et/ou des décisionnaires en politiques publiques. « Réinstallation et réhabilitation », « développement par le déplacement » ou « accumulation par la dépossession » sont autant d'expressions enfermant de nouvelles interrogations concernant les déplacés d'aujourd'hui. La plupart de ces études se concentrent de manière compréhensible sur le temps social du trauma de l'arrachement à un lieu d'origine mais néglige dans le même temps l'analyse longitudinale de l'émergence d'une réalité sociospatiale entièrement nouvelle. Si une part importante des déplacés indiens a accentué le processus d'urbanisation du pays, la majorité d'entre eux habite toutefois à proximité des grands ouvrages qui les ont forcés à partir, au sein de « nouveaux villages », de « colonies de réinstallation », de « camps de transit » ou de petites cités à moitié vides aux allures rectilignes. Cette intervention aimerait soulever certaines interrogations en rapport à l'émergence de ces nouveaux espaces et articuler ainsi certains des apports que les études de réfugiés pourraient apporter aux études de déplacements.
‘Displacement studies” have become relatively common since the 1990s due to a wide range of realities characterized as forced migrations. If refugees already enjoyed much attention in the space of ‘migration studies', the growth of research around development-caused forced displacement is a compelling case of knowledge reconfiguration around a few expressions respectively coined by social scientists, activists and/or policy-makers. ‘Resettlement and rehabilitation' (R&R), ‘development by displacement' or ‘accumulation by dispossession' today delineate many new interrogations applied to displaced people. Most of these studies, quite understandably, focus on the social time of the trauma of displacement yet thereby neglect the analysis of the emergence of an entirely new socio-spatial reality on the long term. If an important share of displaced people deepened a process of urbanization over the country, most of them end up residing in the vicinity of the projects that evicted them, in “new villages”, “resettlement colonies”, “transit camps” or small rectilinear looking towns half-deserted and fallow. This intervention would like to raise certain interrogations in relation to the emergence of new spaces and thus articulate certain lessons which ‘displacement studies' could learn from ‘refugee studies'.