Dans cette contribution la notion d'intentionnalité sera discutée en contrastant trois façons par le biais desquelles les divinités en Inde sont dites interagir avec les hommes: par le corps de leurs médiums, et dans ce cas la présence de la divinité est supposée dépendre d'une totale absence d'intentionnalité humaine; par des palanquins en bois, que l'on dit animés par la présence de la divinité, laquelle dirige elle-même les mouvements des porteurs; par des idoles (artefacts ou rochers) où la présence divine dépend le plus souvent d'une procédure de consécration. Si dans un cadre rituel ce sont surtout les médiums et les palanquins qui sont censés permettre à la divinité de s'exprimer auprès de ses dévots, dans un cadre légal c'est uniquement la divinité sous sa forme d''idole' qui, étant pourvue d'une ‘personnalité juridique', est autorisée à s'exprimer par le biais de son avocat devant un tribunal. La contribution se propose d'analyser ce contraste entre les logiques rituelles de ces présentifications divines et les arguments légaux avancés par les avocats et les juges dans des affaires judiciaires qui voient une divinité apparaître dans le rôle de ‘plaignant' ou de ‘défendeur'.
In this contribution the notion of intentionality will be discussed by contrasting three ways by which deities in India are said to interact with human beings: when it is through the body of their mediums, the deity's presence is supposed to depend on the total absence of human intentionality; when it is through wooden palanquins, the deity itself is supposed to conduct the movement of the bearers; when it is through idols (artefacts or rocks), the divine presence often depends on procedures of consecration. While in a ritual context, mediums and palanquins are considered to be more apt to enable the deity to express itself before its devotees, in a legal context it is only under its ‘idol' form that the deity, being endowed with ‘juridical personality', is authorized to express itself through its lawyer, before a court. The contribution intends to analyze the contrast between the ritual logics of the divine presence in mediums and palanquins, and the legal arguments put forward by lawyers and judges in court cases where a deity is involved in the role of ‘petitioner' or ‘respondent'.