9-11 Sep 2015 Paris (France)
A la recherche du tsuru tsuru. Communiquer des textures dans l'apprentissage de la céramique (Kyôto, Japon) / In search of tsuru tsuru. Communicating textures in the training of ceramists (Kyôto, Japan)
Alice Doublier  1@  
1 : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative  (LESC)  -  Website
CNRS : UMR7186, Université Paris X - Paris Ouest Nanterre La Défense
21 Allée de l'université F-92023 92023 NANTERRE CEDEX -  France

Au cours de leurs quatre années d'apprentissage, les étudiants en céramique de l'université d'art Seika à Kyôto sont amenés à solliciter le toucher, plus que tout autre sens. Ils doivent en effet développer leurs perceptions tactiles afin de pouvoir déceler les infimes variations du matériau qu'ils travaillent. Cet apprentissage implique une reconfiguration profonde des catégories de perception, ce qui demande aux étudiants des efforts continus.

En partant des difficultés éprouvées par une étudiante alors qu'elle tente de réaliser un moule de plâtre dont la surface doit être « douce et veloutée » (tsuru tsuru), des doutes qu'elle exprime sur sa capacité à reproduire cette texture et des discussions qu'elle engage avec ses camarades pour la définir le plus précisément possible, nous nous interrogerons dans cette présentation sur la possibilité d'apprendre et de communiquer des textures.

Alors que les perceptions haptiques sont au départ perçues par les étudiants comme incommensurables les unes aux autres, nous verrons, à l'aide d'autres exemples ethnographiques issus du même terrain de recherches, combien l'éveil du toucher passe dans ce cas par l'apprentissage d'un langage commun, condition nécessaire du partage et de la transmission des sensations.

During their four years of training, students in ceramics of Seika University of Arts in Kyôto are compelled to rely on touch, more than any other sense. They are indeed required to develop their tactile perception in order to discern tiny variations in the material they are working. This training implies a deep reconfiguring of their perceptual categories, which demands sustained efforts from students.

Drawing on the difficulties experienced by one student as she attempts to produce a plaster mould with a “smooth and silky” (tsuru tsuru) texture, looking into the doubts she expresses about her ability to reproduce this texture and rendering the discussions she shares with members of her cohort to define it as precisely as possible, we will ponder in this presentation on the possibility to learn and communicate textures.

While haptic perceptions are thought by students as incommensurable to one another to begin with, we will see through other ethnographic examples drawn from the same fieldwork data, how the stimulation of touch requires in this case the acquisition of a common tongue, in order to achieve the sharing and transmission of senses.


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