À Samarcande, Ouzbékistan, de nombreuses femmes exercent des professions informelles, telles que couturières à domicile, cuisinières rituelles, guérisseuses et autres, pour lesquelles elles acquièrent les compétences auprès de spécialistes. La période d'apprentissage terminée, ces dernières les instituent à leur tour ‘spécialistes' et les autorisent à exercer à leur compte. Elles le font lors d'un rituel qui consiste en une poignée de main, associée à une symbolique propre à chaque profession. Or une spécialiste ne peut donner la main que si elle est satisfaite du savoir-faire acquis par son apprentie mais aussi de la compensation reçue de cette dernière pour l'enseignement qu'elle lui a donné. Par ailleurs, certaines spécialistes contestent la nécessité de ‘donner la main' pour valider un apprentissage.
Quels sont donc les enjeux de ce rituel ? Quelle relation établit-il entre l'apprentie et la spécialiste ? Qu'apporte-t-il de spécifique si une femme peut acquérir le savoir-faire nécessaire et s'installer à son compte sans y avoir recours ? Pourquoi opter pour ce type de reconnaissance ? Qu'est-ce que la publicité de la poignée de main permet-elle de sceller ? Telles sont certaines des questions que cette présentation souhaite aborder.
In Samarkand, Uzbekistan, many women have informal professions such as home seamstresses, ritual cooks, healers and others. They learn their skills from specialists. At the end of the apprenticeship, these specialists in turn recognize them, as ‘specialists', which allows them to work independently. This recognition takes place during the ritual of the ‘handshake', alongside with a set of other actions specific to each profession. But a specialist can "shake hands" with her pupil not only if she is satisfied by the skills acquired but also with the gift she is given in return for her teaching. Moreover, some specialists contest the necessity of the handshake to prove that skills have been handed down.
What then is at stake during the ritual? What kind of relationship does it instill between the specialist and her trainee? Why, specifically, is the handshake needed if a woman can just as easily learn the necessary skills and start practicing the trade without it? Why do some prefer to get this kind of recognition? What does the publicity of the « handshake » seal? These are among the questions that will be dealt with in this talk.