En septembre 1938, le gouvernement japonais envoya sur le front chinois 22 auteurs reconnus (tels que Kikuchi Kan, Yoshikawa Eiji, Niwa Fumio, Ozaki Shirô, Hayashi Fumiko, Yoshiya Nobuko ou Sugiyama Heisuke) pour un séjour de quelques semaines. Ces volontaires, que la presse surnomma immédiatement « unités de la plume » (penbutai), permirent à l'armée d'afficher le soutien des écrivains à la guerre, tandis qu'eux mêmes trouvèrent là l'occasion d'acquérir un nouveau type de prestige – la participation à l'effort national est ici une valeur symbolique, qui modifie les rapports de force dans le champ littéraire. Cet engagement fut mis en scène en dehors des textes par une presse qui se fit le plus souvent l'écho enthousiaste de l'opération. Au sein des textes, les écrivains tâchèrent de définir le rôle politique qu'ils devaient jouer dans la mobilisation nationale : par opposition aux soldats ou aux journalistes, que peut-on apporter à l'écriture de la guerre en tant qu'écrivain ? Il s'agira, en étudiant les motivations des acteurs de cette opération, les divers discours tenus à son sujet, et certains des textes qu'elle engendra, d'interroger les modalités de mise en scène de l'engagement littéraire au service de la guerre : dans quelle mesure cette mise en scène fut un succès, et selon quels critères. In September 1938, the Japanese government sent 22 renowned writers (such as Kikuchi Kan, Yoshikawa Eiji, Niwa Fumio, Ozaki Shirô, Hayashi Fumiko, Yoshiya Nobuko or Sugiyama Heisuke) to the Chinese front for a couple of weeks. These volunteers, who quickly came to be known as the 'pen units' (penbutai), were provided with a new opportunity to increase their prestige – participation in the national effort was a symbolic value, likely to alter the literary field; they also enabled the army to make a display of the writers' support of war. The operation was highly publicized by newspapers through a generally positive coverage. In the narratives written on the occasion, the pen units attempted to define the political role they were to play in the general mobilization: as opposed to soldiers or journalists, what could literary writers bring to the writing of war ? Studying the motives of the participants, the many discourses on the pen units, and some of the war narratives they wrote, this presentation will aim to question the forms of showing literary commitment for war: whether this showing was a success, and on what criteria.
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