Ce panel se propose de questionner le toucher comme mode d'appréhension du monde dans différentes régions d'Asie (Corée du Sud, Inde, Japon, Mongolie, Ouzbékistan). Composé des contributions de cinq jeunes anthropologues, il vise à interroger la diversité des constructions sociales et culturelles du toucher.
La dimension socio-culturelle de la perception fait l'objet depuis plusieurs décennies d'un profond regain d'intérêt dans la discipline (Colon 2013). Alors que l'anthropologie a longtemps privilégié la vue comme mode premier d'accession au monde qui nous entoure (Fabian 1993), ces travaux ont démontré la place capitale qu'occupent les autres sens, et la nécessité d'étudier la manière dont ils sont conçus et partagés socialement. Malgré cela, et jusqu'à aujourd'hui, « le toucher demeure le sens mal-aimé des ethnologues » (Bromberger 2007).
Les ethnographies présentées dans le cadre de ce panel entendent compléter ces réflexions. À travers l'étude croisée du toucher dans les relations éleveurs-animaux en Mongolie, du rituel de la poignée de main en Ouzbékistan, de l'importance des sensations tactiles dans les pratiques de jeux vidéo en Corée du Sud, de l'évitement du contact physique avec des parturientes en Inde du nord, ou des débats autour d'une texture dans l'apprentissage de la céramique au Japon, il s'agira d'explorer la manière dont les perceptions haptiques opèrent comme des canaux de transmission qui lient ou délient des collectifs et sont au cœur de la construction sociale de l'environnement. Par ce prisme, nous analyserons le contact tactile comme médiateur qui permet de créer des mondes, de partager et de communiquer des connaissances, de faire relation avec des individus, des animaux, des objets, ou des dispositifs technologiques, et ainsi de revisiter certains des grands thèmes et grandes dichotomies propres à l'anthropologie de l'Asie.
Références :
Bromberger C. 2007, « Toucher », Terrain [En ligne], 49 | août 2007, mis en ligne le 24 juillet 2007, consulté le 25 février 2015. URL : http://terrain.revues.org/5641 ; DOI : 10.4000/terrain.5641
Colon P.-L. (ed). 2013, Ethnographier les sens, Paris : Pétra
Fabian J. 1983. Time and the other. How anthropology makes its object. New York: Columbia University Press.
The objective of this panel is to explore touch as way of apprehending the world in various regions of Asia (South Korea, India, Japan, Mongolia, Uzbekistan). It consists in contributions of five young anthropologists and aims at questioning the variety of social and cultural constructions of touch.
Since a few decades, the socio-cultural dimension of perception has gained a renewed interest in anthropology (Colon 2013). While anthropologists have long preferred sight as the prime way of accessing the surrounding world (Fabian 1993), recent works have demonstrated the prominent role played by the other senses, and the need to examine the ways in which they are socially conceived and shared. Yet, up to now, “touch remains anthropologists' unloved sense” (Bromberger 2007).
The ethnographic studies of this panel intend to complete these discussions. Through the cross-over study of touch in herder-animal relations in Mongolia, of a handshake ritual in Uzbekistan, of the importance of tactile sensations in video-game practices in South Korea, of physical contact avoidance with parturient women in North India, and of debates about texture in Japanese ceramics apprenticeship, it will be explored how haptic perceptions operate as transmission channels that link or unlink collectives and are at the heart of social constructions of the environment. Through this prism, tactile contact will be seen as a mediator that allows to create worlds, to share and communicate knowledge, to create links with individuals, animals, objects, or technical devices, and thus as a way to revisit some major topics and dichotomies specific to the anthropology of Asia.
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