9-11 Sep 2015 Paris (France)
Usages du futurisme médical en Chine pré-républicaine : deux romans de science-fiction entre didactisme et satire. / Uses of Medical Futurism in Pre-Republican China : Two Science-Fiction Novels Between Didactism and Satire
Florine LeplÂtre  1@  
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INALCO
2 rue de Lille - 75007 - PARIS -  France

Si les récits de science-fiction connaissent un développement fulgurant dans les années 1900 en Chine, il convient de rappeler que les intellectuels qui les produisent, traduisent et diffusent lui attribuent entre autres un rôle didactique : si l'on en croit les propos de Lu Xun dans sa préface à De la Terre à la Lune (1903), il s'agirait de populariser les sciences et techniques modernes par le truchement de la fiction. Lu Xun s'inscrit dans la droite ligne de l'appel de Liang Qichao pour réformer la société par le nouveau roman (« De la fiction et du gouvernement des masses », 1902).

C'est cet enjeu didactique que l'exposé discutera, en examinant deux romans qui se rattachent au genre de la science-fiction, et qui font apparaître un motif similaire, celui du lavage et de la transplantation de cerveau : La Pierre de Nüwa (Nüwa shi, de Haitian Du Xiaozi), et Nouveaux contes de Monsieur Absurdité (Xin falü xiansheng tan, de Xu Nianci), publiés respectivement en 1904 et 1905. Dans le premier récit, l'opération est effectuée par des justicières organisées dans une société féminine qui s'est donné pour tâche de débarrasser la société chinoise de la corruption par tous les moyens. Dans le second, l'esprit du protagoniste ayant voyagé jusqu'à Mercure assiste à une transplantation de cerveaux, dont l'objectif est de rajeunir et rendre plus intelligents les patients. Les processus décrits par les auteurs sont largement imaginaires. L'enjeu de ces épisodes est donc certainement plus symbolique et idéologique que didactique : il s'agit de matérialiser la création de l'homme nouveau.

En analysant ces épisodes et leur contexte, ainsi que les paratextes des romans cités (préfaces, commentaires), on verra en quoi l'usage de cette biotechnologie imaginaire peut être chargée de significations multiples voire opposées. Cela nous conduira à redéfinir les enjeux, affichés ou implicites, de la science-fiction, entre fascination technologique et satire des fantasmes contemporains.

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Science-Fiction as a genre certainly develops quickly in the 1900 in China, but is is worth remembering that the scholars who produce, translate dans circulate these narratives assign to them a didactic role : following Lu Xun words in his forewords of his 1903 translation of From the Earth to the Moon, it would be about popularizing modern science and technology via fiction. Lu Xun follows here Liang Qichao's call to reform society with new fiction (1902).

This paper will discuss this didactic stake, examining two science-fiction narratives which include a similar pattern of brain-washing and transplant : The Stone of Goddess Nüwa (Nüwa shi, by ‘Haitian Du Xiaozi') and New Tales of Mr. Absurdity (Xin falü xiansheng tan, by Xu Nianci), respectively published in 1904 and 1905. In the former, the operation is carried out by female justicers organized in a Society that aims to eliminate corruption by all means. In the latter, the spirit of the protagonist has travelled to Mercury, where he attends a brain transplant, which aims to rejuvenate patients and make them smarter. The detailed process are mostly imaginary. What is at stake is certainly more symbol and idealogy than scientific popularization : the episodes literally depicts the making of the new man/citizen/woman.

 By examining these episodes in their narrative and paratextual context (prefaces, commentaries), this talk will discuss how polysemic and even contradictory is the use of this imaginary biotechnology. This will lead to a redefinition of explicit and implicit issues at stake in science-fiction, between fascination for technology and satire of contemporary fantasies.


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