Si Taiwan est géographiquement une île, l'étude des processus d'identifications qu'on y observe conduit à ne penser ni une insularité radicale, ni une globalisation dans laquelle les particularismes seraient dissous. Les processus d'identifications, en construction et en interaction permanente les uns avec les autres, questionne en fait, sur le terrain taiwanais comme sur les terrains comparables, les articulations et tensions entre local et global, sphères distinctes mais liées. Nous étudions trois dimensions : comment la localité se produit dans le global ; comment la globalisation est réappropriée au plan local ; et quels sont les allers retours entre les deux. « Le global » n'est en effet, pour nous, aucunement une entité incarnée se réappropriant du « local » pour se constituer : c'est le local qui se projette ou s'inscrit dans le global. Polymorphe, le local se projette dans plusieurs de ses formes, et à chacune de ses différentes échelles. Les constructions identitaires locales vont chercher dans les mouvements, les idées et les transformations en cours du monde global un modèle, une légitimation ou un soutien à leur action pour, éventuellement, les adopter, les adapter, les transformer et en faire un marqueur d'appartenances. Il apparaît souvent difficile de distinguer la projection du local dans le global et la réappropriation locale du global. La réalité de ces articulations est souvent de l'ordre des allers retours réguliers. Cette étude n'est pas une sociologie de la globalisation étudiant des flux unissant (ou non) différentes localités du monde dans un continuum, dans le cadre d'un questionnement sur les notions de territoire et de frontière, elle est une étude multidisciplinaire, autour d'un cadre théorique commun, construit sur le terrain taiwanais, des interactions entre les deux sphères du local et du global, comprises comme des ensembles complexes et mouvants sur différentes échelles.
If Formosa is undeniably an island geographically, our study of identification processes in Taiwan reveals that Taiwan is neither an insular entity with a radically distinct culture, nor a local society entangled in a globalization that would dissolve particularisms. Identification processes, which are permanently in construction and in interaction, lead us to question in Taiwan (just as it could be done in other societies) articulations between local and global, viewed as distinct but linked spheres. We study here three main dimensions: how different levels of locality project themselves in the global world; how globalization is appropriated at local levels; and two-way exchanges between these levels. The global level doesn't seem to be an entity taking shape by appropriating some “local” features and growing out of them: it is the local levels that project themselves with/as a global perspective, in their variety of shapes and at different scales, and taking inspiration here and there: identity constructions at local levels often study movements, ideas, transformations of the greater global scale and take them as models, legitimization or support for local action. In this process, they adopt, adapt, and transform appropriated elements to turn them into their own identity markers. In the end, it is often difficult to distinguish projections of local identifications strategies into the global world with local appropriations of global matter: the concrete reality of such exchanges is made of regular two-way exchanges. Our study is not a sociology of globalization that would study flows unifying (or not) the world in a continuum, with in mind a study of territories and boundaries; it is an inquiry into interactions between the local and the global, understood as complex and ever-evolving ensembles on different scales, a common frame that link our different disciplinary approaches.
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