Les représentations contemporaines des esprits des embryons avortés (mizuko) au Japon constituent un des exemples les plus saisissants d' 'effroyables foetus'. Surtout dans un passé très récent ils ont été considérés malveillants ou néfastes, donc des entités à pacifier au moyen de rites de commémoration (kuyô). Ils ont aussi proliféré dans la culture populaire: on les trouve dans les manga, les films d'horreur ou les anime ou encore dans les vidéos amateurs YouTube dédiés à la 'vraie' exploration paranormale. On exposera les changements observés au cours d'une série de terrains depuis la fin des années 80 jusqu'à aujourd'hui. Les controverses entre chercheurs ont continué, souvent sur la base d'a priori éthiques plus que de l'observation directe. Dans ce registre un des problèmes est l'insistance à lier la malveillance ou les effets néfastes attribués aux foetus avec la 'culpabilité' tandis qu'à des époques plus anciennes, les chaînes causales étaient souvent considérées se former par association et/ou transmis par l'hérédité (tels que descendance du serviteur d'un ancêtre, belle-mère ) plutôt que dérivées des intentions ou actes d'un individu.
On peut se demander si les peurs actuelles au sujet de la baisse de la natalité, ainsi que d'autres facteurs sociaux porteront bientôt à d'autres changements des mentalités. Enfin j'évoque la diffusion des rites de commémoration des mizuko à d'autres pays asiatiques.
The representations of the spirits of aborted embryos (mizuko) in contemporary Japan are among the most striking examples of "dreadful fetuses." Particularly in the very recent past they were often considered malevolent and/or bringers of misfortune to be pacified by a series of commemorative rites (kuyô). They have now proliferated also in popular culture, from manga, horror films and anime to amateur YouTube videos of "real" paranormal exploration. In this paper I summarize changes observed during a series of periods of fieldwork since the late 1980s to the present. Scholarly debates have also continued during this period, often following individual moral objections more than observation. One of the problems is the insistence on connecting fetal malevolence or negative effects on families with "guilt" when, as in earlier periods, chains of causality are often thought to follow from association (e.g., descent from a servant of an ancestor, via mother-in-law, etc.) rather than an individual's intentions or acts.
One wonders if current fears about the declining birthrate and other social factors will soon change attitudes once again. Finally I mention the spread of the mizuko rites to various Asian countries.