La région agricole de Meinong, située au Sud de Taiwan et principalement hakka, a vu la structure et le fonctionnement de sa société changer profondément après les mouvements de protestation contre la construction d'un réservoir d'eau, survenus de 1992 à 2000. L'arrêt officiel, en 2000, de cette construction a entériné le succès du mouvement. Or, la participation d'intellectuels hakkas, urbains mais originaires de Meinong, fut un facteur essentiel de cette réussite. Beaucoup d'entre eux choisirent de rentrer dans leur région et de s'y investir. À un moment à la fois de globalisation, de mise en œuvre d'une politique gouvernementale d'indigénisation de Taiwan et de réveil de la conscience hakka, ces « nouveaux venus » formèrent une nouvelle strate sociale. Apportant leurs idées avec un style plus moderne, universitaire et aux influences internationales, ils remplacèrent graduellement les chefs « indigènes » (non sans conflits) dans la direction du développement de la région et de la communication avec l'extérieur. Aujourd'hui, pour les anthropologues travaillant sur le terrain de Meinong, il est nécessaire de comprendre la place de ces intellectuels dans la société locale et d'analyser la relation triangulaire entre ces « étrangers », la population « indigène » et le gouvernement, tout en s'interrogeant sur les évolutions du statut de chercheur sur le terrain.
The structure and function of the Hakka society, located in the agricultural region of Meinong in southern Taiwan, has changed profoundly after the protest against the construction of a reservoir which occurred during 1992 to 2000. The construction project was officially stopped indefinitely in 2000 and the participation of urban Hakka intellectuals, who were born in Meinong, was the key to the success of the movement. Those intellectuals return to Meinong and show their commitment to this place and the society. These newcomers formed a new social stratum in a time of globalization, together with the indigenization policy and the awakening of Hakka consciousness. These intellectuals, bringing more advanced ideas and international influence to this area, gradually replaced the “native” leaders in the development process of the region and in the communication with outside world. For the anthropologists working in Meinong, it is thus necessary to understand the role of the intellectuals in the local society and analyze the triangular relationship between the “outcomers”, the “native” people and the government while reflecting on the evolution in the status of researcher in the field.