Ce papier explore les conceptualisations de l'amour de jeunes femmes issues d'un milieu aisé de la Chine urbaine. Vivant des vies parfois très indépendantes de leurs parents et habitant souvent sur les campus universitaires, elles socialisent librement dans les espaces créés d'après le développement de la société de consommation. Ces jeunes femmes conceptualisent l'amour à partir des répertoires de la gratification personnelle, et soulignent ainsi la différence entre leur propres désirs et les choix de leurs parents qui, durant leur jeunesse, furent davantage motivés par les idéaux collectivistes. Par ailleurs, ces jeunes femmes sont aussi l'objet de fortes pressions sociales et familiales autour de leur conduite, de leurs résultats académiques et professionnels, ainsi que de leur projet de mariage. Ces pressions visent à assurer l'insertion de ces jeunes filles dans l'ordre social post-Maoïste, où le mariage est une étape incontournable dans le chemin individuel et familial vers un idéal de succès et de sécurité social, économique et émotionnel. L'impératif de la compétition, aussi que de l'harmonie familiale et sociale basée sur la différence d'âge, de genre et de classe, rappelle aux jeunes filles que l'amour doit être ‘stable', aboutir à un ménage durable, et soutenir le cycle d'interdépendance entre générations. C'est à partir de ces valeurs, largement perçues comme spécifiquement ‘Chinoises', que ces jeunes femmes doivent poursuivre leur propre ‘rêve chinois'.
This paper explores the articulations of love by young women of comfortable background in urban China. These young women often live on campus, independently from their parents, and socialise freely in the spaces that emerged during the expansion of consumer society. Young women's recurrent articulations of love refer to the repertoire of personal gratification; this represents a significant departure from the matching choices of their parents, which are often explained as motivated by collectivist ideals. On the other hand, these young women are also the object of strong social and family pressure around their conduct, their academic and professional results, and their marriage plans. This pressure aims at incorporating these young women's trajectories in the post-Mao social order, which casts marriage as an essential step towards individual and family success and social, economic and emotional security. The imperative of competition, as well as that of a social harmony based on age, gender and class difference, remind girls that love has to be 'stable', lead to a long-term, heteronormative relationship sanctioned by marriage, and sustain the cycle of intergenerational support. It is on the basis of these values, widely perceived as specifically 'Chinese', that these young women must pursue their own "Chinese dream '.