Située au large de Shanghai, l'île du Putuoshan est un site de pèlerinage bouddhique qui accueille chaque année des milliers de fidèles venus de toute l'Asie pour vénérer le bodhisattva de la compassion, Guanyin. Depuis les années 1980, les communautés monastiques et les autorités politiques investies dans la gestion des affaires religieuses et touristiques, ont engagé, suivant des intérêts différents, de vastes changements pour augmenter l'assise de ce haut-lieu du bouddhisme chinois, transformant ainsi tous les domaines de vie de ce microcosme insulaire. Depuis peu, l'implication d'universitaires originaires de Shanghai dans le champ religieux local introduit des transformations dans les manières de produire du religieux. Leurs activités au sein des monastères, – comme enseignants de chinois classique ou en tant que chercheurs associés à un nouveau centre d'études bouddhiques –, et leur engagement dans les œuvres de prosélytisme, témoignent d'une redéfinition de leur statut et de leur rôle au sein d'une société chinoise dans laquelle le monde académique est encore fortement encadré politiquement et idéologiquement. À travers l'évolution de la relation que j'ai tissée avec eux, les considérant d'abord comme des « collègues » pour ensuite les intégrer à mes analyses comme « enquêtés », je propose d'interroger les nouveaux échanges qui s'établissent entre le monde bouddhiste et les universités, et leurs effets sur la manière de faire un terrain ethnographique dans les temples chinois aujourd'hui.
Located off the coast of Shanghai, Putuoshan island is a Buddhist pilgrimage site visited every year by thousands of devotees from all over Asia who come to venerate Guanyin, the Bodhisattva of compassion. Since the 1980s, the monastic communities and political authorities entrusted with the management of religious affairs and tourism, pursuing different interests, have undertaken extensive changes to increase the significance of this renowned site in Chinese Buddhism, transforming all areas of life in this island microcosm. Recently, the involvement of academics from Shanghai in the local religious field introduced changes in the ways of performing religion. Their activities within the monasteries - as classical Chinese teachers or as associated researchers within a new centre of Buddhist studies - and their involvement in works of proselytism, reflect a redefinition of their status and their role in a Chinese society where the academic world is still closely controlled, both politically and ideologically. Through the development of relationships I have built up with them, considering them first as "colleagues" and then including them in my analysis as "informants", I propose to examine the new exchanges taking place between the Buddhist world and universities, and their effects on the way in which ethnographic fieldwork is carried out in Chinese temples today.