Résumé :
Grâce aux Archives du Komintern et au travail qui s'en est suivi, nous avons été à même de comprendre comment les Soviétiques entre 1925 et 1935 ont organisé un vaste réseau permettant à des Centrasiatiques d'origine paysanne ou ouvrière d'acquérir après trois années d'étude passées à Moscou le sésame leur permettant de devenir de révolutionnaires. Dans les protocoles hebdomadaires voire bi-hebdomadaires rédigés par les cadres de l'université, les étudiants sont présentés. Parmi les cinquante individus recensés, la grande majorité sont Ouïgours, Doungans ou Kirgizs. Nous avons suivi leurs itinéraires, leurs modes de vie, leurs difficultés, leurs échecs et leurs réussites. Force est de constater que la tâche a dû être ardue pour transformer ces hommes simples, ne sachant ni lire ni écrire pour certains, en hommes nouveaux prêts à convaincre leurs concitoyens du bien-fondé de la nouvelle idéologie.
Ces documents sont uniques et n'ont été jamais étudiés. Pourquoi le Komintern a-t-il organisé un cercle ouïgour bien distinct du cercle chinois alors que ce dernier aurait pu jouer de sa force englobante, le Xinjiang étant dans les années considérées partie prenante de l'empire chinois ? C'est à cette question et au devenir de ces cinquante Ouïgours tentés par l'aventure communiste que nous nous pencherons.
Champ disciplinaire : Histoire, anthropologie politique, sinologie.
Abstract :
Relying on Komintern Archives and pertinent studies, we are now able to understand how Soviet people have organized between 1925 and 1935 a huge network that allowed Central Asian people coming from peasant origin or of working-class roots to become perfect revolutionary activists after three years of studying at the university in Moscow. The KUTV students are introduced in weekly or biweekly minutes written by its faculty. Among fifty students, most are Uygur, Doungan or Kirgiz. This presentation explores their itineraries, ways of life, difficulties, and their achievements. The paper makes it clear what an extremely difficult task it was to change those simple men, most of whom were completely illiterate, into new men able to convince their countrymen in legitimacy of the new ideology.
These records are unique and yet unanalyzed. Why Komintern did establish a separate Uygur circle so carefully distinguished from the Chinese one instead of integrating the former inside the latter which could have used its bounding strength - let alone the fact that during those years Xinjiang province was a part of the Chinese Empire? Answering this question and considering the future of those fifty Uygur people attracted by the communist adventure will be my main subject.
Disciplinary field: History, Political Anthropology, Sinology.
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