Depuis le début des années 2000, le système de protection sociale des personnes handicapées au Japon a connu d'importants changements. Ceux-ci font écho aux revendications des militants concernant l'accès à l'autonomie pour les personnes en situation de handicap. Cependant, ils s'inscrivent aussi dans l'évolution générale de l'Etat-Providence japonais, vers des politiques d'inspiration néolibérale.Dans cette communication, on analysera comment l'évolution de la protection sociale des personnes handicapées au Japon articule ces deux dimensions : reconnaissance des revendications en matière de droits humains et réforme néolibérale.On s'appuiera plus particulièrement sur le cas de la « Loi de soutien à l'autonomie des personnes handicapées », votée en 2006. Celle-ci reprend des mouvements militant les termes « d'autonomie » et de « soutien adapté » et affirme une volonté de rupture avec la logique de ségrégation dans des institutions spécialisées dénoncée par les partisans de la « Vie Indépendante ». Cependant, elle introduit également le principe de l'utilisateur-payeur et tend à considérer la « personne handicapée autonome » comme « consommatrice de services d'aide librement choisis ». Cette réforme qui a soulevé un tollé dans les associations de personnes handicapées a été révisée en 2014 dans une nouvelle loi qui, sans revenir sur le principe de l'utilisateur-payeur, en adoucit les conditions.
During the 2000 decade, the social welfare system for people with disabilities has undergone a major turnaround. It echoes the claims of disability rights activists regarding access to autonomy. However, it also anchored in the general evolution of the Japanese Welfare State, towards neoliberal policies. In this paper, we will analyze how the evolution of social welfare for people with disabilities in Japan combines these dimensions: consideration for human rights claims and neoliberal reform. We will base our argument on the case of the « law on support to autonomy for disabled people », enacted in 2006. From activist movements, it takes over the terms “autonomy” and “adapted support” and an asserted willingness to break up with the logic of segregation into special institutions that has been condemned by the champions of “Independent Living”. Nevertheless, it has also introduced the user-payer principle and tends to consider the “autonomous disabled person” as a “consumer of freely chosen services”. This law has burst outcry among disabled people's associations. In 2014, it was replaced by a new law that does not back out of the user-payer system, but softens its implementation conditions.