Des pratiques expérimentales radicales et complexes qui abolissaient les limites entre l'art, l'objet artistique et le public s'annoncent avec les mouvements d'avant-garde du XXe siècle et s'amplifient dans les années 1960 et 1970. Le corps de l'artiste ou d'autrui devient ainsi une « nouvelle » matière insoupçonnée de création qui s'insère dans la vie en établissant de nouveaux rapports spatio-temporels dans le présent. Une articulation entre le contexte et les différents domaines qui accueillent l'acte, s'avère déterminante dans la construction symbolique des corps et est l'un des éléments indiscutables pour les artistes de la performance. Lorsque Chumpon Apisuk, figure incontestable de l'art action du Sud-Est asiatique, fait référence à sa pratique, il signale : « Vous êtes un corps politique, vous pouvez être provocateur, vous pouvez défier comme vous le souhaitez, mais en prenant en considération les gens et le lieu dans lequel l'action évolue. L'art est une question de liberté d'effectuer du non-sens». Quels sont les mécanismes opérés et les stratégies que les artistes de l'art action de cette région développent par rapport aux contextes spécifiques ? Quelles sont les raisons qui poussent ces artistes à privilégier la performance comme moyen d'expression ? Nous tenterons de répondre à ces questions en partant des manifestations de Zero Jingen qui faisaient des irruptions en milieu urbain portées sur l'érotisme au Japon dans les années 1960 ; en passant par les propositions des artistes performeurs qui ont créé des nouvelles plateformes d'échange, pour arriver finalement, aux pratiques actuelles de la performance dans le Sud-Est asiatique. Élargir les notions liées à la représentation des corps, à l'altérité et à la pratique de la performance, avec les études et les écrits des penseurs et artistes est également l'un de nos impératifs.
Radical and complex practices appeared in the 20th century, when avant-garde movements started breaking the walls between art, the artistic object and the audience. These movements grew in the 1960s and 1970s, as the body of the artist and the other became an unsuspected “new” matter for creation, which is embedded in life and establishes innovative space-time relationships with the present. A link between the context and the different fields in which the action is performed is a determining and mandatory factor in the creation of symbolism for the performing artists. When Chumpon Apisuk, prominent performance artist in South-East Asia, talks about his field, he mentions:“Your body is political, you can provoke, you can be defiant if you wish to be, but always keep in mind the people and the space where the performance is taking place. Art is about the liberty of creating non-sense”. What are the processes and strategies developed by the performance artists of the region in relation to its specific contexts and historical periods? Why do the artists choose performance art as a mean of expression? We will try to tackle these questions by starting with the manifestations of Zero Jingen, a group that appeared in the 1960s in Japan and whose themes evolved around the treatment of eroticism. We will then look through the proposals of performance artists who have created new platforms for exchange, dissemination and research, to finally look at the current performance art practices that take place in South-East Asia. The following workshop proposal is also a way for us to broaden the established notions on the representation of the body, the concept of otherness and performance art as a medium, through the studies and works of thinkers and artists of this region.
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