L'augmentation des situations de désaffiliation et de disqualification des jeunes en Chine peut se vérifier de plusieurs manières: d'un côté, l'enquête de 2011 du chinese general social survey estime que le secteur de l'emploi informel augmente de 20% par an et représente 60,4% des emplois et que seulement 41,1% de jeunes travailleurs, notamment de jeunes migrants et migrantes, auraient signé un contrat à durée déterminée et 13,8% un CDI. D'un autre côté, en dehors du secteur informel, la question de l'emploi se pose aussi de manière extrêmement marquée pour les plus diplômés. Si le China Household Finance survey de 2012 estime que le taux de chômage pour la catégorie d'âge 16-24 ans s'établit à 9,6%, il s'élèverait à 16,4% pour les diplômés du supérieur. De plus, en 2013 plus de 600 000 diplômés depuis un an n'avaient pas trouvé d'emploi. La fragilisation de la population jeune en Chine se joue donc à la fois sur les conditions d'emploi instables des peu ou pas diplômés et notamment des populations migrantes et sur le manque de postes pouvant absorber les jeunes diplômés de l'éducation supérieure. Dans le contexte « autoritaire » Chinois, traversé par des processus de désaffiliation et de disqualification sociale, la mise en place de dispositifs biopolitiques s'organise via l'action sociale et ses acteurs autour de principes d'action de survie plutôt que de reconnaissance des populations en situation de vulnérabilité sociale. Des jeunes « désaffiliés » - jeunes paupérisés et jeunes nongmingong - sont alors mis à distance, stigmatisés et désignés "indésirables" . Ces processus sociaux et politiques révèlent des normes de « décence », « d'indécence », des registres d'interaction sociale et des économies morales de captation et de surveillance à l'égard de ces jeunes qui développent des stratégies de mobilisation et de résistance pour "prendre leur place » dans la société chinoise.
The sharp rise in situations of disaffiliation and disqualification of young people in China can be witnessed through several indicators: on the one hand, the 2011 Chinese General Survey estimates that the informal labor sector grows around 20% yearly and represents 60,4% of the total employment rate, and only 41,1% of young workers, especially young migrants have signed a legitimate short term employment contract while only 13,8% have signed a legitimate long-term contract. On the other hand, and outside of the informal labor sector, the (un)employment issue is also that of the young graduates. For example the China Household Finance Survey of 2012 found that unemployment rate for 16-24 years old is 9,6% only but rises up to 16,4% for university graduates. In 2013 only, estimates are that more than 600 000 young people had not found a job in the year following their graduation. The weakening of young people in China is thus at the same time a question of unstable and informal labor and a question of a lack of positions for the young graduates of universities. In the “authoritarian” context of China, in which processes of disaffiliation and disqualification occur, the implementation of biopolitical devices is carried out through social work and its actors and through principles of survival rather than recognition of these populations facing social vulnerabilities. Disaffiliated urban youths – nongmingong or young graduates – are then cast apart, stigmatized and labeled “undesirable”. These social and political processes reveal norms of “decency” and “indecency”, registers of social interaction and moral economies of harnessing and monitoring towards these young people who in turn develop mobilizing and resistance strategies so as to “take their place” in the Chinese society.