Depuis le début des années 1990, on assiste en Corée du Sud au « retour » des Coréens d'Asie centrale en tant que « travailleurs étrangers », dont le nombre total est estimé à 20 000 en 2014. Ces Coréens diasporiques, communément appelés, les « koryǒin », se voient refuser par le gouvernement sud-coréen l'attribution du statut juridique accordé aux Coréens de nationalité étrangère vivant dans des pays « riches ». Les conditions de leur séjour sont strictement encadrées par une série de dispositifs juridiques et politiques au même titre que des travailleurs venus des pays en voie de développement.
S'appuyant sur l'ethnographie d'un organisme public chargé d'assurer l'insertion des travailleurs coréens d'Asie centrale (Korea Support Center for Foreign Workers), cette communication se propose de s'interroger sur le rôle de l'Etat dans la délimitation des frontières entre ce qui est diasporique et ce qui ne l'est pas. On s'attachera, ce faisant, à démontrer que les notions de « diaspora » et « pays d'origine » sont des catégories sociales historiquement et politiquement construites, et dont la définition peut varier selon le contexte et les exigences sociales du moment.
Since the early 1990s, one can observe in South Korea the "return" of Korean diaspora as "foreign workers" from Central Asia, whose total number is estimated at 20 000 in 2014. The South Korean government has not granted to this Korean diasporic group the legal status that enjoy the Korean diaspora living in "rich" countries. The conditions of their stay are strictly regulated by a series of legal and political systems because they are considered as the workers coming from the third world countries. Grounded on the ethnographic field work in a public institution, the Korea Support Center for Foreign Workers, in charge of the integration of Korean workers from Central Asia, this paper aims to understand the role of the state in drawing the boundaries between what is “Korean diaspora” and what is not. By doing so, this paper will demonstrate that the concepts of "diaspora" and "homeland" are the social categories which are historically and politically constructed, and the definition of may vary according to the context and the social demands of the moment.