Instrumentalisés par les autorités culturelles et la propagande communiste, la renaissance et le prétendu épanouissement des artisans traditionnels en Asie centrale ont été présentés comme le témoignage d'un projet réussi de construction de la Nation dans cette région.
Divisé artificiellement par le gouvernement de Moscou en cinq républiques quasi-autonomes, l'Asie centrale est devenue un terrain d'essai dans le cadre duquel un projet spectaculaire de modernisation forcée a été conçu dans le but de rehausser l'économie locale à un niveau technologique élevé tout en réorganisant simultanément la société traditionnelle conformément au concept européen d'État-Nation. Cette réorganisation sociétale repose sur les aspects indispensables que sont la relocalisation, la marginalisation et l'institutionnalisation de l'artisanat.
Fondée sur des documents d'archives et des publications, ma présentation portera sur trois cas d'études de l'artisanat patronné par l'État soviétique, à savoir l'analyse du milieu de la maçonnerie, de l'ornementation en gypse et de la production de céramique. Je vais y explorer les voies de légitimation qui ont mutuellement impliqué d'une part les considérations des universitaires à propos de l'authenticité historique de l'artisanat contemporain et, d'autre part, les références des artisans aux résultats de la recherche en tant que source authentique de l'inspiration créatrice. Ma présentation mettra l'accent sur la théâtralisation non voulue d'un artisanat qui a revendiqué de l'authenticité, elle-même renforcée au niveau académique, et insistera sur les efforts du pouvoir soviétique à réintégrer l'artisanat traditionnel dans la production industrielle moderne.
The rebirth and alleged flourishing of traditional arts and crafts in soviet Central Asia was instrumentalized by cultural authorities and communist propaganda as a testimony to the success of nation-building project in the region. Artificially partitioned by Moscow government into five quasi-autonomous republics, Central Asia became a testing ground for a visionary project of forced modernization, which simultaneously aimed at technological upgrade of local economy and societal re-ordering along the lines of modern European nations. Locating, marginalizing and institutionalizing traditional craftsmanship was an indispensible aspect of that re-ordering.
Relying on both archival and published sources my presentation will take up three case studies of craftsmanship patronized by the Soviet state, ranging in medium from masonry, to gypsum ornamentation, and ceramic production. I will use these cases to explore the channels of legitimization, which involved mutual references by academically trained scholars to the historic authenticity of contemporary crafts and by the traditional artisans and craftsmen to the results of academic research as an authentic source of creative inspiration. My presentation will point at the unintended theatralization of craftsmanship, which questioned the academically reinforced claims for authenticity, and will specifically dwell on Soviet efforts at reintegrating traditional crafts with modern industrial production.