Présentée par Naepels (1998) comme un but à rechercher activement contre le risque d'enclicage, l'atopie (d'atopos, sans lieu) peut apparaître évidente dans les va-et-vient entre localités qu'implique une enquête multi-site. Je voudrais montrer comment, bien que facilitée, elle se pose tout autant comme un idéal à atteindre. J'évoquerai trois moments de mon enquête. Le premier, en 2011, est mon introduction sur le terrain chinois par l'intermédiaire d'un Chinois de Tahiti, rencontré lors de mes recherches précédentes consacrées à cette communauté, dont c'était le village d'origine. C'est au prix de plusieurs retours dans ce village de Shenzhen que j'ai été désassociée de la diaspora. Le second est un séjour à Tahiti en 2013, pendant lequel j'ai présenté mes recherches chinoises. Me conférant le statut d'experte des villages d'origine, il m'a permis d'approfondir la relation des Chinois de Tahiti à la Chine. Il a engendré le troisième moment, le suivi à Shenzhen en 2014 d'un groupe de voyageurs chinois de Tahiti et l'observation de leurs pratiques de « recherche des racines ». Par l'entrée en contact de mes deux terrains, je me suis trouvée, tout en devant le négocier, dans un entre-deux atopique en adéquation avec mon objet d'étude, la relation diasporique.
Atopia, according to Naepels (1998) is an aim that should be actively sought after to counter the risk of entrapment. Atopia (from atopos, placelessness) may seem evident in the comings and goings between localities implied in multi-sited fieldwork. I will show how, although facilitated, atopia remains an ideal that must be pursued. I will reflect on three moments in my research. The first is my introduction in the village of origin of a member of the Chinese community in Tahiti. It is after several returns to this village in Shenzhen that I became disassociated from the diaspora. The second is a trip to Tahiti during which I was invited to present my Chinese research. This granted me the status of an expert of villages of origin in China, and allowed me to deepen my understanding of the relation between the Tahiti Chinese and China. It led to the third moment, during which I followed a group of Tahiti Chinese travellers in Shenzhen and observed their practices of “searching for their roots”. This encounter between my two fields placed me in an in-between position of atopia, well suited for my study of diasporic relations, but one I still had to negociate.