Komatsu Sakyô (1931-2011) est l'auteur de dizaines de nouvelles, romans et scénarios. Il est aujourd'hui considéré comme le fondateur et « Roi de la science-fiction japonaise. » Son opus magnum, La Submersion du Japon (1973), fut l'un des premiers très grands succès de la science-fiction japonaise. En accueillant l'auteur et son œuvre sur la scène littéraire du pays, le public permit aussi à la science-fiction de s'installer en tant que genre littéraire au Japon, après 60 ans de lutte contre un esprit conservateur très résistant.
Œuvre spéculative par excellence, La Submersion du Japon explore les perspectives d'avenir de la péninsule japonaise en cas de cataclysme total : que se passerait-il si le pays venait à sombrer dans l'abysse au bord duquel il s'est construit ? Comment se résoudre à organiser l'exil d'une nation toute entière ? Par la fiction spéculative, l'auteur tente de donner une réponse à chacune de ces questions. Outre son catastrophisme éclairé, l'œuvre dépeint de nombreux aspects de l'insularité japonaise – géographique, sociétale et culturelle.
Depuis la triple catastrophe de Fukushima, la question de l'insularité japonaise est devenue un sujet problématique et brûlant. De nombreux auteurs estiment que la menace nucléaire et ses conséquences sont à l'origine de cette problématisation de l'insularité. Komatsu Sakyô était sûrement de cet avis puisque, dans le dernier numéro de son magazine trimestriel, en 2011, il déclarait vouloir survivre assez longtemps pour observer les effets de la catastrophe de Fukushima sur la société japonaise. Son souhait ne sera malheureusement pas respecté, puisqu'il décèdera seulement 5 mois après la catastrophe.
La présente communication se propose d'effectuer une relecture de La Submersion du Japon, en mettant la fiction face aux faits du 11 mars 2011. Nous entendons également nous interroger sur sa possible influence sur la science-fiction post-Fukushima, où le thème de l'insularité demeure problématique, mais où la fiction spéculative a disparu au profit d'une fiction rétrospective qui ressasse les événements du 11 mars 2011.
Le regard de la science-fiction japonaise, jusqu'alors tourné vers le futur, restera-t-il braqué sur le 11 mars 2011 ?
Komatsu Sakyô (1931-2011) wrote dozens of short stories, novels and scenarios. Nowadays, he's considered as the founder and “King of Japanese science-fiction.” His masterpiece, Japan Sinks (1973), is part of the very first great successes of Japanese science-fiction. By welcoming the author and his novel on the national literary scene, Japanese readers made way for Japanese science-fiction as well. It finally settled science-fiction as a genre, after 60 years of struggle against a strong conservative mindset.
As a speculative novel, Japan Sinks delves into the future of the Japanese peninsula in case of a major cataclysm. Apart from its enlightened ‘catastrophism', the novel explores the numerous aspects of Japanese insularity - geopolitics, society and culture related. This theme is recurrent in Japanese science-fiction.
Since the 3-fold Fukushima disaster, the question of Japan's insularity has become a very hot topic. Many writers believe the nuclear menace and its consequences are responsible for making insularity a problem. Komastu Sakyô seemingly agreed, since he declared, in his final quarterly, that he wanted to survive long enough to be able to see the effects of the disaster on Japanese society. His wish hasn't been granted, as he passed away 5 months after saying so.
The following communication offers to give a rereading of Japan Sinks, by making fiction face the events of March 2011. Here, I would also like to question Japan Sinks' possible influence on the Japanese science-fiction written after the Fukushima disaster. In these new titles, the insularity theme remains an important topic; but speculative fiction has disappeared, to be replaced by a much more retrospective fiction, dwelling on the events of March 2011.
Will the ever future-facing Japanese science-fiction, stay focused on the March 2011 disaster?
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